message à l'attention des GJ de Lodève
1-se rappeler aussi que le 17 novembre 2018 naissait en Angleterre le mouvement
extinction rébellion
2- voici un article de fond sur le journal libération (novembre 2018), aujourd'hui (mai 2019) cette l'analyse tien toujours debout
Pour une société post-pétrole, changeons la ville (
lien)
Démultiplier les centres-villes, arrêter la construction des centres commerciaux en périphérie, confier aux commerçants des «boutiques à l'essai»…
Tourner le dos à notre urbanisme accro au pétrole, c'est possible.
Tribune. Avec la hausse de la taxe sur le diesel, le carburant atteint aujourd’hui un prix record engendrant des difficultés pour les trop nombreux captifs de la voiture. Une problématique qui suscite l’indignation puisque cette dépense n’est pas choisie, mais au contraire subie par de nombreux Français. Alors pour quelles raisons notre société est-elle accro au pétrole ? Pour une fois, parlons des causes profondes.
Si la voiture individuelle est indispensable aux déplacements quotidiens de millions de concitoyens, le problème vient avant tout des distances parcourues, contraintes par le manque d’alternatives. Depuis l’après-guerre, l’urbanisme sectoriel éloigne lieux d’habitation et d’emplois dans une logique du tout voiture. Un étalement urbain qui a poussé la ville dans les périphéries, à coups de quartiers pavillonnaires, zones commerciales et zones industrielles. Un paysage français qui a irrémédiablement augmenté les distances.
Pour les mobilités, on le voit avec la nouvelle loi, la réflexion reste focalisée et fragmentée sur certains modes de transport et types de mobilités, sans avoir une approche transversale et systémique qui viserait à remettre en question l’écosystème dans son intégralité et ainsi penser de nouveaux modèles de mobilités urbaines plus durables. Pour autant, au-delà d’interdire les véhicules diesels immatriculés d’avant 2001, comme prévu pour juillet prochain dans plusieurs communes, bien d’autres solutions concrètes existent, qui, prises ensemble, peuvent nous mener vers une société post-pétrole offrant de réelles alternatives.
D’abord, dans cette logique sans énergie fossile, nous devons penser l’urbanisme, la ville et ses différentes fonctions à une échelle plus large que l’aire urbaine, en limitant l’étalement urbain et en créant la ville multipolaire. Demain, la ville ne devra plus se limiter qu’à un seul centre-ville et devra au contraire compter plusieurs centres, capables d’accueillir des lieux de vie, de travail et de culture, rendant ainsi chaque quartier attractif et où l’on aime s’y épanouir. Pour cela, multiplions les projets urbains afin que les territoires soient plus en conformité avec nos usages et nos besoins, repensons les logements pour qu’ils soient davantage en accord avec les structures familiales de notre temps et, surtout, luttons concrètement contre le phénomène des logements vacants en centre-ville, en débloquant des fonds permettant une massification de la rénovation énergétique ainsi qu’une remise aux normes de ces logements inoccupés.
À cela, ajoutons enfin des mesures radicales visant à arrêter le déploiement des centres commerciaux en périphérie, un fléau écologique ajouté à un véritable crime contre l’urbanité. Installés en grande majorité au milieu de nulle part et inaccessibles autrement qu’en voiture, ils défigurent les paysages de nos entrées de villes. Au contraire, réinvestissons les centres urbains par la revitalisation des commerces de proximité.
** Le vote des habitants **
Là encore, de nombreuses solutions existent : par exemple, des applications permettent aux habitants de voter pour l’installation de leurs futurs commerces préférés, des systèmes de boutiques à l’essai permettent aux futurs commerçants d’accéder à un local à des conditions ultrafavorables, le temps que leur activité démarre. De même, envisageons concrètement le retour des activités industrielles non polluantes au cœur de nos villes, comme les fabriques, les ateliers ou les activités tertiaires. Bien sûr, en plus d’une approche urbanistique, nous devons repenser les mobilités, simplifier les interconnexions et l’accessibilité locale, en proposant une offre de mobilité plus flexible et variée, des infrastructures permettant le développement des mobilités douces ainsi qu’un réinvestissement fort dans les transports en commun, telles que les petites lignes ferroviaires. Ajouter à ces mesures la mise en place de véhicules en libre-service, de transports en communs flexibles ou de modes doux ou actifs nous permettra d’adapter les mobilités à nos besoins d’aujourd’hui.
En parallèle, puisque la voiture restera dans certains cas indispensable, proposons un mix énergétique pour les mobilités, en privilégiant la diversification des sources. Ainsi, pour ne pas seulement se reposer sur l’électrique, développons des énergies alternatives renouvelables telles que l’hydrogène ou les agrocarburants issus de la biomasse. Et pour réussir leur déploiement, rendons ces véhicules accessibles à tous par des aides à l’achat et renforçons le déploiement de stations d’approvisionnement, souvent encore en sous-effectif.
Lançons-nous aussi un défi, certes bien plus complexe mais indispensable pour une société post-pétrole : créer une nouvelle économie à l’échelle planétaire avec un retour au local pour limiter les mobilités superflues. C’est peut-être ce monde accro au pétrole qu’il faut refréner, pour le développement et la renaissance des circuits courts, des ressources et des savoir-faire locaux. Bien sûr, il nous faut innover pour une technologie qui prend en compte les changements climatiques et le manque de ressources actuels. Chose possible si l’on investit dans des travaux de recherche dans ce sens, avec une approche low tech qui change notre vision du progrès technologique pour aller vers une sobriété des matériaux et des techniques de construction.
** De la régénération d’une économie locale **
Car, demain, la technologie devra aussi prendre en compte la raréfaction des matériaux et des énergies. Enfin, dernière chose, et peut-être la plus ambitieuse, cessons de créer la ville sans les habitants et les acteurs qui la vivent. Une bonne fois pour toutes, intégrons-les au processus, non pas pour rendre les projets urbains plus acceptables, mais afin que chaque évolution de la ville devienne une chance pour créer de nouvelles synergies favorables à la régénération d’une économie locale, profitant à tous et évitant d’aller chercher un emploi plus loin…
Le 17 novembre, les Français descendront dans la rue pour protester contre cette hausse du diesel. Pour autant, des mesures rapides et ambitieuses pourraient être expérimentées pour mettre en place ces solutions à grande échelle en ville, en périphérie, ainsi que dans la ruralité. Mais pour cela, il s’agit d’avoir le courage d’une vision globale, interconnectée, qui va au-delà du seul mandat politique, donc enfin durable.
Dernière modification le mercredi 29 Mai 2019 à 10:33:47